Actualités

Moi, je suis la résurrection et la vie.

17 mars 2024

Voilà la révélation que fait Jésus à Marthe dans l’Évangile de ce dimanche pour le 3e scrutin
des Catéchumènes. Deux fois dans l’Évangile selon Saint Jean, Jésus dira qu’il est « la Vie ».
Saint Jean-Paul II verra même dans l’Évangile un véritable Évangile de la Vie (Encyclique
Evangelium Vitae, 25 mars 1995)
Et dans l’épisode de ce dimanche, Jésus « la Vie » affronte la mort de Lazare, son ami. Avant
d’affronter peu de temps après la mort sur la croix. Tout l’Évangile est comme un
affrontement entre la Vie que Jésus veut donner en abondance et les forces de la mort que
sont le péché et ses corollaires, la mort physique et la mort spirituelle.
Dans notre pays aussi, alors que supprimer la vie d’un enfant dans le ventre de sa mère est
devenu un droit constitutionnel et qu’une « loi de fraternité » se prépare pour permettre de
supprimer la vie des personnes malades, il y a un combat entre la vie et la mort.
Saint Jean-Paul II était prophétique à ce sujet : « « Ce panorama fait d’ombres et de lumières
doit nous rendre tous pleinement conscients que nous nous trouvons en face d’un
affrontement rude et dramatique entre le mal et le bien, entre la mort et la vie, entre la «
culture de mort » et la « culture de vie ». Nous nous trouvons non seulement « en face »,
mais inévitablement « au milieu » de ce conflit : nous sommes tous activement impliqués, et
nous ne pouvons éluder notre responsabilité de faire un choix inconditionnel en faveur de
la vie. » Evangelium Vitae n°28
Présenter la suppression d’une vie comme un geste de fraternité est un scandale : tuer n’est
pas un geste fraternel, quelles que soient les apparences.
« S’il est vrai que, parfois, la suppression de la vie naissante ou de la vie à son terme est aussi
tributaire d’un sens mal compris de l’altruisme ou de la pitié, on ne peut nier que cette
culture de mort, dans son ensemble, révèle une conception de la liberté totalement
individualiste qui finit par être la liberté des « plus forts » s’exerçant contre les faibles près
de succomber. » Evangelium Vitae n°19
La vraie fraternité, c’est être comme Jésus qui souffre et pleure avec Marthe et Marie, c’est
être aux côtés de ceux qui sont éprouvés.

Écoutons ce que disait le Pape François lors de son audience le 10 octobre 2018 : « En effet,
quel est le sens positif du mot : « Tu ne tueras pas » ? Que Dieu « aime la vie », comme nous
venons de l’entendre dans la lecture biblique.
Le secret de la vie nous est révélé par la manière dont l’a traitée le Fils de Dieu qui s’est fait
homme jusqu’à assumer, sur la croix, le rejet, la faiblesse, la pauvreté et la douleur (cf. Jn 13,
1). Dans chaque enfant malade, dans chaque personne âgée faible, dans chaque migrant
désespéré, dans chaque vie fragile et menacée, le Christ nous cherche (cf. Mt 25, 34-46), il
cherche notre cœur, pour nous ouvrir à la joie de l’amour.
Il vaut la peine d’accueillir chaque vie, car chaque homme vaut le sang du Christ lui-même
(cf. 1 P 1, 18-19). On ne peut pas mépriser ce que Dieu a tant aimé ! »

Nos évêques ont pris la parole en ce sens ces jours-ci : « Nous, évêques, demandons que la
société aide à vivre et à vivre jusqu’au bout, jusqu’à la mort. » Merci à eux !

C’est ce à quoi nous appelle la Parole de Dieu depuis toujours : « je mets devant toi la vie ou
la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie » (Deutéronome 30, 19)

P. Laurent +






Pèlerinage Notre-Dame de la Mer

9 juillet 2023

Le traditionnel pèlerinage “Notre-Dame de la Mer” se déroulera sous la présidence de Mgr Luc Crepy, évêque de Versailles, le 15 août 2023.

En se mettant en marche de la collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie à la chapelle Notre-Dame de la Mer, le diocèse fête, honore et vénère Marie, au cœur de l’été.

Au programme :

09h30 Accueil à la collégiale de Mantes.
10h00 Messe solennelle.
11h30 Procession de la collégiale au théâtre de verdure.
12h00 Repas tiré du sac au théâtre de Verdure
13h30 Lancement du pèlerinage
14h30 Début de l’accueil à Notre-Dame de la Mer
16h00 Vêpres
A partir de 17h00 Retour en car pour rejoindre son point de départ ou la collégiale de Mantes.

Nous vous demandons de bien vouloir vous inscrire avant le 05 août 2023.

Dans le cadre de l’organisation du pèlerinage à Notre Dame de la Mer, nous aurions besoin d’une glacière électrique, permettant de conserver un médicament au frais pendant la journée.

Si vous en possédez une et que vous êtes disposé à la prêter, merci de contacter :

Christine MORET tél. 06 16 49 03 87

FESTI’VAC revient avec l’été !

Pour qui ?  toute personne isolée, seule pendant les 2 mois de vacances qui voudrait partager sa bonne humeur autour d’histoires, de jeux, etc… et en terminant par un goûter avec ce que chacun apportera   (on peut aussi en parler autour de soi)

A quel rythme : tous les mardis de juillet et août : de 14H30 à 17H30

 : dans la grande salle du rez-de-chaussée (pas d’escalier à monter) derrière le pavillon de l’institut Magdalena Aulina au 49 avenue Jules Ferry

Si vous avez besoin d’un covoiturage, vous pouvez téléphoner au 01 39 13 12 24  / Françoise Bouteille – on passera vous prendre en voiture.







Groupe biblique Saint-Matthieu

18 mars 2023

Objectifs :

  • Lire l’ensemble de l’évangile de Saint-Matthieu
  • Recevoir quelques clés de lecture permettant et facilitant une expérience spirituelle et d’éventuelles conversions
  • Prier et méditer l’ÉVANGILE
  • S’écouter les uns et les autres : comment Le Seigneur vient éclairer chacune de nos vies par cet évangile ? (Partage de la Parole dans nos vies)

Programme des séances :

3 rencontres possibles : lundi soir à 20h30 à NDV, vendredi pm à 15h à l’arc-en-ciel, samedi (matin ou pm suivant la période de l’année) à Jean XXIII ; une séance tous les 15 jours

Les dates des 4èmes séances :

  1. Lundi 20/3 à 20h30 à NDV, vendredi 24/3 à 15h à l’arc-en-ciel, samedi 1/4 à 14h30 à Jean XXIII INTRODUCTION et lecture de 3 passages propres à Matthieu
  2. Lundi 3/4 à 20h30 à NDV, vendredi 14/4 à 15h à l’arc-en-ciel, samedi 15/4 à 14h30 à Jean XXIII Matthieu 1 et 2 (la naissance et l’enfance)
  3. Lundi 17/4 à 20h30 à NDV, vendredi 21/4 à 14h30 à l’arc-en-ciel, samedi 22/4 à 10h à Jean XXIII Matthieu 3 et 4 (l’annonce du Royaume et le désert)
  4. Lundi 8/4 à 20h30 à NDV, vendredi 12/5 à l’arc-en-ciel, samedi 6/5 à 10h à Jean XXIII Matthieu 5 à 7 (Le sermon sur la Montagne)

Nous fixerons ensemble et avec chaque groupe les autres dates pour la fin de l’année.

Icône de Saint Matthieu à Jean XXIII







Un nouveau diacre à Sartrouville !

1 octobre 2022

Yann Porteu sera ordonné diacre, pour le diocèse, par notre évêque le 20 novembre. Nous rendons grâce ! Yann est consultant en RH, Béatrice, son épouse, est enseignante spécialisée, ils ont 3 enfants. Yann se présentera lui-même mais je peux tenter, à travers mon expérience, de dire ce qu’est un diacre. Car Yann entendra comme cela m’a été demandé « quand es-tu disponible pour l’église ? », sous-entendu « à quoi tu sers ? ». Cette question interroge celle du sacrement et celle du rapport de l’église au monde. Celle du sacrement d’abord : à quoi ça sert l’ordination ? Elargissons la question : A quoi ça sert d’être baptisé ? A quoi ça sert de se marier à l’église ? A quoi ça sert le sacrement des malades ? Un moine à cette question, répondait «un sacrement ça ne sert à rien mais ça change tout ». Mgr H. Simon, quand il était évêque chargé du diaconat, disait « il y a 2 catégories de personnes qui savent bien à quoi sert un diacre : les évêques qui, je l’espère, savent pourquoi ils ordonnent au diaconat un homme et les personnes éloignées de l’église, qui ont l’habitude de fréquenter un diacre, parce que confusément elles savent que c’est l’un des leurs mais qu’en même temps  il est porteur d’une Parole différente qui sans doute le dépasse ». Ça me rappelle, cette maman à la sortie d’une réunion de parents d’élèves, qui me demande si je peux baptiser sa fille de 7 ans ajoutant « je ne sais pas ce que tu fais dans l’église, je ne suis pas baptisée et je n’irai jamais voir le curé. Mais toi je te connais ».

Cette réflexion rejoint la question du rapport de l’église au monde. Comme le dit l’épitre « soyez toujours prêt à justifier votre espérance mais que ce soit avec douceur et respect » (1P 3, 15), ce qui exclut une attitude surplombante et suppose une qualité d’écoute. Il y a évangélisation, au sens de rendre l’évangile vivant, dans un compagnonnage, un cheminement, une relation, une réciprocité, une reconnaissance de la vérité de l’autre qui m’échappe. Le bienheureux P. Claverie, archevêque d’Oran assassiné en 1996, disait « Je suis croyant, je crois qu’il y a un Dieu mais je n’ai pas la prétention de posséder  Dieu ni par Jésus qui me le révèle, ni par les dogmes de ma foi. Je ne possède pas Dieu. On ne possède pas la vérité et j’ai besoin de la vérité des autres ». Evangéliser c’est construire le Royaume. On ne construit pas seul le royaume et ma joie comme diacre est de construire le Royaume avec des chrétiens et des non chrétiens. Ce compagnonnage des chrétiens avec leurs concitoyens est rappelé par Vatican 2 et le diaconat permanent en est un des fruits.

Célébrer les baptêmes, être témoin de l’église lors des mariages, présider les funérailles, proclamer l’évangile, prononcer l’homélie…Telles sont quelques une des tâches cultuelles que le diacre peut accomplir mais l’essentiel n’est pas là. Notre évêque citait ma famille « premier lieu de mission » et mon lieu professionnel. Le 1er jour de ma prise d’activité dans un service public, un collègue agnostique me dit « j’ai su que tu étais diacre : que fais tu de plus, en dehors du boulot ? » Comme je lui répondais que mon travail était l’essentiel de ma mission, il eut cette intuition « ah bon, parce que ce que nous faisons tous les jours à galérer pour trouver une orientation pour les enfants handicapés ça intéresse l’église ? »

Le diacre, comme chaque baptisé, est envoyé en mission. La mission c’est cette injonction de la part de Dieu « va voir là bas si j’y suis » et nous découvrons qu’il y est ! J’aime cette définition de notre vocation : révéler à l’église le visage de Dieu que nous apprennent ceux à qui  nous sommes envoyés (y compris ceux qui ne croient pas). Le diacre, signe du Christ serviteur, a sans doute la particularité de constituer l’église là où il sert. L’autre particularité, « c’est lors de l’Eucharistie, quand le prêtre redit les paroles du Christ, le diacre se tient en silence à ses côtés pour signifier que les mots prononcés n’enferment pas le mystère, celui-ci est plus grand que nos représentations » (Gilles Rebêche, diacre). Peut-être, le diacre donne t-il un écho à ceux qui ne peuvent joindre leur voix à l’Action de grâce. Il porte leur silence jusqu’à l’autel empêchant que la célébration ne se replie sur elle-même prétendant que la communion est totale, sans oubli et sans faille. Le diacre voudrait être celui qui tient ouverte la porte de l’église.

Jacques, diacre



Mort de François de Foucauld

8 juillet 2022

J’ai été bouleversé par le suicide du père François de Foucauld jeudi dernier. Ce qui me bouleverse le plus c’est que nous ne l’entendrons plus et que nous avions besoin de lui pour avancer. Ces deux textes, celui de François publié dans La Croix en décembre dernier et celui d’Isabelle Gauldmyn réagissant face au suicide de François expriment ce désarroi et je les laisse à la méditation de chacun afin de laisser résonner en nous ce qui François pourrait nous dire encore. Je pense que François était malade. Mais qui ne l’est pas un peu, nous le sommes tous et nous le rappelons de façon concrète avant de recevoir la communion. Je pense que notre institution est malade, et elle porte en elle les tares de ceux qui la font vivre, mais cette institution dit ce que nous sommes. Comment prenons nous soin des uns des autres, des malades que nous sommes ? C’est pour moi la seule question qui compte. Demandons encore au Seigneur de nous dire la parole qui guérit.

P. Xavier Chavane

Mort de François de Foucauld : le cri d’un prêtre

De Isabelle De Gaulmyn

Le prêtre François de Foucauld a mis fin à ses jours, dimanche 1er juillet. Même si on ne peut jamais comprendre un suicide, ce drame doit nous conduire à regarder en face le profond malaise qui affecte les prêtres de l’Église de France.

« On parle beaucoup de la « grande démission », ce mouvement de fond qui touche les salariés des entreprises refusant de travailler sans voir le sens de leur tâche. Pour les prêtres, cette « grande démission » a commencé voilà bien cinquante ans. »

Le suicide d’un prêtre de Versailles, le père François de Foucauld, a profondément affecté la communauté catholique de l’Ouest parisien. Il faut se garder de toute interprétation ou, pire, récupération. Les « raisons » d’un suicide relèvent de l’intime et conserveront toujours, même si c’est douloureux pour l’entourage, leur part de mystère.

Pourtant, ce suicide touche. Non seulement parce qu’il concerne un prêtre en vue, brillant, entreprenant. Mais aussi parce qu’on le savait en proie à des difficultés avec sa hiérarchie et profondément déstabilisé par des accusations qu’il vivait comme très injustes. Ce suicide nous touche aussi à La Croix, car nous lui avions donné la possibilité de s’exprimer dans une tribune, où il avait livré une analyse sans fard des difficultés de la gestion des prêtres dans un diocèse.

Le cri derrière l’acte tragique

Ce n’est pas le lieu, ici, de chercher les causes, d’accuser sa hiérarchie ou au contraire de relever telle ou telle fragilité psychologique personnelle. En revanche il y a un cri, derrière cet acte tragique, que nous devons être capables d’entendre. Le cri d’un prêtre, qui rejoint le profond malaise de nombreux autres dans l’Église de France aujourd’hui. N’est-il pas temps de nous interroger, collectivement, sur la manière dont nous traitons les prêtres dans notre Église ? Nous fêtons le héros le jour de son ordination, mais ensuite ? Personne ne se préoccupe de savoir comment ils sont soutenus et quelles structures de médiation sont prévues, autres que celles créées par le bon vouloir de l’évêque, qui fait office à la fois de « père » et de patron… Les prêtres ont-ils des temps pour souffler, un accompagnement psychologique, des possibilités de coaching ?

On parle beaucoup de la « grande démission », ce mouvement de fond qui touche les salariés des entreprises refusant de travailler sans voir le sens de leur tâche. Pour les prêtres, cette « grande démission » a commencé voilà bien cinquante ans, avec une chute drastique des vocations, sans que l’on s’en soucie vraiment. Les uns ont accusé le manque de foi : il faut plus prier ! Les autres l’absence de possibilité de mariage – à une époque où le mariage est de plus en plus déconsidéré ! Mais ne faudrait-il pas s’interroger plutôt sur les perspectives qui s’ouvrent devant eux ?

Indifférence coupable à l’égard des prêtres

La manière dont ils sont nommés dans une paroisse, souvent avec pas mal d’arbitraire, laisse perplexe. On ne gère plus les personnes aujourd’hui comme autrefois… Le seul modèle qui attire encore est celui du XIXe siècle, avec des prêtres très engagés mais selon un type d’Église rigide, hiérarchique, qui ne correspond plus à la réalité. Le concile Vatican II a beaucoup parlé des évêques et des laïcs. Mais très peu des prêtres. Benoît XVI avait décrété une « année du prêtre », mais en donnant comme modèle le saint curé d’Ars, dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne rencontrait pas les mêmes problèmes que les prêtres d’aujourd’hui.

Car c’est bien là l’urgence. Notre indifférence à ce que vivent les prêtres est coupable car ils sont au premier rang de la crise très profonde de l’Église. Si la désaffection de la pratique et l’effacement du christianisme de la société sont durs pour nous tous, imaginons combien ils sont terribles pour le prêtre, qui incarne l’institution ! « Nous savons ce que nous sommes en train de perdre, mais nous ignorons ce que nous allons devenir », me confiait l’un d’eux. La transition est violente, brutale. Beaucoup font preuve d’une grande créativité, mais d’autres s’épuisent. Qui peut affronter seul une telle crise sans vrai soutien de la communauté ? C’est une question qui nous concerne tous, et pas seulement les évêques. Le synode qui vient de se dérouler en France a donné lieu à d’intenses prises de parole. Mais à aucun moment il ne parle des prêtres, sauf pour les critiquer. D’ailleurs, ces derniers n’y ont que peu participé. Un silence significatif. Et inquiétant.

Abus : « La contrainte au silence dans l’Église ne passe plus »

Tribune deFrançois De Foucauld prêtre du Diocèse de Versailles 2/12/21.

TRIBUNE François de Foucauld, un prêtre du diocèse de Versailles qui estime avoir été victime d’abus de pouvoir, montre dans cette tribune les mécanismes à l’œuvre dans l’institution quand des victimes témoignent. Essentielle, la libération de la parole permettra d’édicter des « règles objectives de gouvernance », espère-t-il.

Je suis prêtre depuis 17 ans dans le diocèse de Versailles. Depuis le séminaire, j’entends parler d’abus. Pédophilie, abus de pouvoir, gouvernances troubles… Ces sujets ne sont pas niés explicitement, mais la parole est enfermée. C’est trop souvent un petit cercle de clercs et laïcs autour de l’évêque qui s’arroge le dernier mot.

Cette contrainte au silence imposée par quelques-uns ne passe plus ; et ainsi ne peut plus être consentie. Nous ne sommes qu’à l’aube d’un nouveau débat sur les abus de pouvoir dans l’Église et les questions qu’il soulève. À la suite des premiers témoins qui ont osé courageusement prendre la parole et que je salue ; des hommes et des femmes, prêtres et fidèles, se sont mis alors à échanger, questionner, formuler une parole plus libre.

Une même mécanique abusive se répète

La première étape de l’abus de pouvoir dans l’Église consiste à faire peur. On fait passer la victime pour une personne fragile, on l’accuse de troubles psychiques. Ces accusations par l’émoi qu’elles suscitent, dispensent la hiérarchie de l’Église comme les proches des victimes, de toute évaluation objective de ces fameux troubles. La seconde étape est alors facile : la victime étant sortie hors du cercle de la raison, et son entourage anesthésié ; l’évêque et son conseil peuvent alors procéder sans contrôles à toutes décisions à son sujet. Elle n’est plus une personne aimable ou de droit. Elle devient juste une chose, un dossier à régler.

Je me rappellerai toujours ces propos de Mgr Boyer, ancien président du tribunal ecclésiastique de Versailles et canoniste réputé, évoquant au sujet des abus de pouvoir dans les diocèses, des pratiques rappelant les « lettres de cachet ». Je comprendrai par la suite cette image qu’il avait choisie : la lettre de cachet retirait également à la victime tout droit à se défendre devant une cour de justice.Il devenait ainsi soumis au bon vouloir d’une seule personne.

Qui fait l’ange fait la bête

Si l’Église demande une obéissance dans l’exercice d’un ministère, elle doit laisser en contrepartie aux clercs et aux laïcs une part d’initiative dans l’exercice de cette obéissance. À commencer par le respect de sa conscience, le souci du débat contradictoire et les droits élémentaires de la défense dans le cadre d’un conflit. À défaut, ce service vécu strictement dans l’obéissance risque de nier les abus potentiels de pouvoir. Qui fait l’ange fait la bête, dit le proverbe.

Aussi, on ne peut pas spiritualiser à l’infini le pouvoir afin de l’apprivoiser. Est-il juste par exemple, de demander d’entrer dans un chemin de pardon alors que les abus de pouvoir sont encore niés dans une affaire ? À ce jeu-là, on risque d’entraîner des hommes et des femmes dans la violence ou un repli amer et résolu.

Le modèle des études de pénibilité

Quel est ce chantier qui s’ouvre à nous ? Il s’agit de clarifier et baliser dans l’Église les étapes de l’exercice du pouvoir, comme on peut diagnostiquer dans un lieu professionnel les gestes entraînant des douleurs au travail. Ainsi, dans ces études de pénibilité, on écoute d’abord les personnes qui subissent ces douleurs. Alors on expertise et on apporte les premières réponses en kinésiologie, afin de compenser telle pénibilité.

Il nous faut faire de même en écoutant d’abord le témoignage des victimes d’abus de pouvoir dans l’Église. Alors nous pourrons apporter les règles de gouvernance adéquates afin de compenser tout abus. C’est un hôpital de campagnenous dirait le pape François, qu’il faut ouvrir dans chaque diocèse pour nous mettre à l’écoute des personnes ayant subi ces abus.

Laurence Devillairs, doyenne de la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris, le signalait à juste titre dans une récente tribune : « La participation de laïcs ou de femmes, parce qu’ils auraient telles qualités, ne modifieraient en rien une institution qui n’aurait pas d’abord modifié son mode de gouvernement. S’il y a abus sexuels, c’est parce qu’il y a aussi, et peut-être d’abord, abus de pouvoir, parce qu’il y a une institution qui l’autorise, le légitime, et le “blanchit”».

Préférer la confiance à la réputation

Il est donc pressant de libérer la parole. Beaucoup de victimes ont encore peur de témoigner des abus vécus, craignant à la fois d’attaquer l’Église et de ne pas être cru, ni même écouté. Comment se fait-il que l’Église oblige ces témoins à un tel parcours du combattant pour exprimer librement ce qu’ils ont vécu en son sein ?

Il y a aussi parmi nous les clercs, une peur du repentir, afin de sauver notre réputation ou celle de l’Église. On remarque pourtant le respect naturel qu’insuffle une personne capable de reconnaître simplement ses fautes. On voit alors s’installer un malaise dans l’Église, où une hiérarchie n’ose pas reconnaître ses abus, sinon quand elle est mise au pied du mur. C’est pourtant un repentir sincère qui fera regagner la confiance.

C’est après avoir médité les abus et dérives racontés par les moines des premiers siècles, que « le patriarche des moines » a écrit la fameuse Règle de saint Benoit. Il a alors fixé des règles objectives de gouvernance pour le père abbé et son conseil, sans que son autorité en soit affaiblie.

Ainsi, il est urgent à notre tour, que les pasteurs et les fidèles entrent dans une véritable considération des témoins des abus de pouvoir aujourd’hui dans l’Église. Alors nous pourrons discerner progressivement ensemble, les règles claires et paisibles de gouvernance au sein de l’Église. C’est bien le débat contradictoire que l’on doit inscrire dans le marbre de nos responsabilités pastorales, que l’on soit évêque, prêtre ou responsable laïc.