Un nouveau diacre à Sartrouville !

1 octobre 2022

Yann Porteu sera ordonné diacre, pour le diocèse, par notre évêque le 20 novembre. Nous rendons grâce ! Yann est consultant en RH, Béatrice, son épouse, est enseignante spécialisée, ils ont 3 enfants. Yann se présentera lui-même mais je peux tenter, à travers mon expérience, de dire ce qu’est un diacre. Car Yann entendra comme cela m’a été demandé « quand es-tu disponible pour l’église ? », sous-entendu « à quoi tu sers ? ». Cette question interroge celle du sacrement et celle du rapport de l’église au monde. Celle du sacrement d’abord : à quoi ça sert l’ordination ? Elargissons la question : A quoi ça sert d’être baptisé ? A quoi ça sert de se marier à l’église ? A quoi ça sert le sacrement des malades ? Un moine à cette question, répondait «un sacrement ça ne sert à rien mais ça change tout ». Mgr H. Simon, quand il était évêque chargé du diaconat, disait « il y a 2 catégories de personnes qui savent bien à quoi sert un diacre : les évêques qui, je l’espère, savent pourquoi ils ordonnent au diaconat un homme et les personnes éloignées de l’église, qui ont l’habitude de fréquenter un diacre, parce que confusément elles savent que c’est l’un des leurs mais qu’en même temps  il est porteur d’une Parole différente qui sans doute le dépasse ». Ça me rappelle, cette maman à la sortie d’une réunion de parents d’élèves, qui me demande si je peux baptiser sa fille de 7 ans ajoutant « je ne sais pas ce que tu fais dans l’église, je ne suis pas baptisée et je n’irai jamais voir le curé. Mais toi je te connais ».

Cette réflexion rejoint la question du rapport de l’église au monde. Comme le dit l’épitre « soyez toujours prêt à justifier votre espérance mais que ce soit avec douceur et respect » (1P 3, 15), ce qui exclut une attitude surplombante et suppose une qualité d’écoute. Il y a évangélisation, au sens de rendre l’évangile vivant, dans un compagnonnage, un cheminement, une relation, une réciprocité, une reconnaissance de la vérité de l’autre qui m’échappe. Le bienheureux P. Claverie, archevêque d’Oran assassiné en 1996, disait « Je suis croyant, je crois qu’il y a un Dieu mais je n’ai pas la prétention de posséder  Dieu ni par Jésus qui me le révèle, ni par les dogmes de ma foi. Je ne possède pas Dieu. On ne possède pas la vérité et j’ai besoin de la vérité des autres ». Evangéliser c’est construire le Royaume. On ne construit pas seul le royaume et ma joie comme diacre est de construire le Royaume avec des chrétiens et des non chrétiens. Ce compagnonnage des chrétiens avec leurs concitoyens est rappelé par Vatican 2 et le diaconat permanent en est un des fruits.

Célébrer les baptêmes, être témoin de l’église lors des mariages, présider les funérailles, proclamer l’évangile, prononcer l’homélie…Telles sont quelques une des tâches cultuelles que le diacre peut accomplir mais l’essentiel n’est pas là. Notre évêque citait ma famille « premier lieu de mission » et mon lieu professionnel. Le 1er jour de ma prise d’activité dans un service public, un collègue agnostique me dit « j’ai su que tu étais diacre : que fais tu de plus, en dehors du boulot ? » Comme je lui répondais que mon travail était l’essentiel de ma mission, il eut cette intuition « ah bon, parce que ce que nous faisons tous les jours à galérer pour trouver une orientation pour les enfants handicapés ça intéresse l’église ? »

Le diacre, comme chaque baptisé, est envoyé en mission. La mission c’est cette injonction de la part de Dieu « va voir là bas si j’y suis » et nous découvrons qu’il y est ! J’aime cette définition de notre vocation : révéler à l’église le visage de Dieu que nous apprennent ceux à qui  nous sommes envoyés (y compris ceux qui ne croient pas). Le diacre, signe du Christ serviteur, a sans doute la particularité de constituer l’église là où il sert. L’autre particularité, « c’est lors de l’Eucharistie, quand le prêtre redit les paroles du Christ, le diacre se tient en silence à ses côtés pour signifier que les mots prononcés n’enferment pas le mystère, celui-ci est plus grand que nos représentations » (Gilles Rebêche, diacre). Peut-être, le diacre donne t-il un écho à ceux qui ne peuvent joindre leur voix à l’Action de grâce. Il porte leur silence jusqu’à l’autel empêchant que la célébration ne se replie sur elle-même prétendant que la communion est totale, sans oubli et sans faille. Le diacre voudrait être celui qui tient ouverte la porte de l’église.

Jacques, diacre